Gérer les périodes symptomatiques
Nous avons tous entendu que guérir d'une maladie chronique n'est pas un processus linéaire, qu'il sera fait de hauts et de bas. Mais même en sachant cela, le parcours peut devenir très frustrant (j'en sais quelque chose...).
Lorsque vous vous cassez la cheville, les médecins peuvent prédire assez précisément ce qui va se passer. L'amélioration sera linéaire, sur une période de temps donnée. Mais pour la maladie chronique, ces règles ne s'appliquent pas. Le processus peut sembler chaotique, long et imprévisible.
Dans ce post, je partage ce qui m'a aidée à mieux gérer les inévitables périodes où les symptômes reviennent. J'ai réalisé que mieux je gérais ces périodes, plus je progressais ensuite. Apprendre à accueillir les vagues est, à mon sens, l'élément le plus important de la guérison!
Note : Dans la suite du post, je parlerai de « période d'ajustement » pour désigner ces périodes symptomatiques temporaires.
À quoi ressemble une période d'ajustement ?
1- Déjà, c'est quoi ?
Lorsque vous commencez à aller mieux, même si vous utilisez des techniques de pacing, vous allez inévitablement rencontrer :
- Des augmentations temporaires de symptômes : de la fatigue, du brouillard cérébral, ou une augmentation de vos symptômes en général ; parfois même, un nouveau symptôme apparaît
- Des émotions difficiles : un moral plus bas, de l'anxiété, de la frustration, de la colère ou du découragement
- Des pensées négatives : ruminations, pensées catastrophes, auto-critique, surtout si les symptômes reviennent ("c'est de ma faute, qu'est ce que j'ai fait...")
- Un mélange de tout ça !
2- Ça se produit quand ?
Les périodes d'ajustement se produisant souvent après :
- Une phase d'expansion :
- vous avez fait un peu plus d'activité (physique, cognitive, émotionnelle)
- vous avez tenté une nouvelle activité, que vous n'aviez pas fait depuis longtemps...
- Une phase plus exigeante :
- vous avez gérez un évènement stressant inattendu
- vous avez vécu un moment fort en émotion (positif ou négatif)
- vous avez été obligé de faire quelque chose qui excédait vos capacités du moment
- vous avez vécu un évènement déclencheur qui a réveillé un trauma passé, de façon consciente ou non
- Et parfois... impossible de dire exactement pourquoi, mais la période d'ajustement se présente quand même 🤷♀️
Les périodes d'ajustement peuvent durer quelques heures, quelques jours, parfois plus. Elles résultent en une diminution temporaire de votre capacité globale, vous forçant à ralentir.

Je sais que les périodes d'ajustement sont décourageantes, et on a l'impression de perdre toute notre progression... mais ce n'est pas le cas. Les périodes d'ajustement signalent souvent que votre système s'ajuste et intègre les changements, pas que vous régressez.
Oui, ce que j'appelle une "période d'ajustement" correspond à ce qu’on décrit médicalement comme un "malaise post-effort" (MPE). Avec le temps, j'ai réalisé que la façon dont je désigne ces moments dans mon dialogue intérieur conditionne fortement la façon dont je les vis.
Les mots comme "malaise" ou "crash" sont lourds de sens. Ils entretiennent l'angoisse et la culpabilité. J'ai choisi de ne plus les utiliser. Beaucoup de personnes choisissent des mots plus légers: période d'ajustement, creux, vague...
3- Pourquoi ?
Les périodes d'ajustement se produisent souvent quand votre système nerveux est temporairement submergé : quand il a besoin de retrouver son équilibre après avoir été fortement sollicité.
Il vous prévient avec ses propres moyens de communication : en activant un état de danger (combat/fuite/immobilisation) pour vous forcer à ralentir. Ces états génèrent des symptômes, des émotions et des pensées difficiles (plus de détails sur les états du système nerveux ici).
Les périodes d'ajustement ne sont pas de votre faute.
Elles correspondent à une période d'intégration d'informations. Votre cerveau apprend que vous êtes à nouveau en sécurité dans la vie de tous les jours. C'est pourquoi les périodes d'ajustement sont totalement attendues sur le chemin. Les phases d'expansion sont suivies de phases de contraction, comme pour l'ensemble des cycles du vivant.
Ce qui m'aide à gérer les périodes d'ajustement
Ces moments ne sont pas plaisants. Soyons clairs : je les déteste toujours autant. 😅 Mais j'ai trouvé quelques astuces pour les rendre plus supportables, et moins longs :
- Ne luttez pas, ne forcez pas !
Cela ne ferait que renforcer l'état de danger et prolonger les symptômes. L'acceptation, ce n'est pas abandonner : c'est au contraire un message de sécurité. Ralentissez, soyez patients, apaisez votre corps et votre esprit du mieux possible (voici quelques idées pour du repos ressourçant).
- Ne vous encombrez pas de la culpabilité : tout ça est temporaire
Les périodes d'ajustement ne sont pas de votre faute. Même si vous avez été un peu "trop vite" dans l'augmentation des activités, et que vos symptômes sont un peu plus difficiles à supporter cette fois... ça va aller. Visualisez ce moment comme une tempête : pas agréable, un peu effrayant, mais passager.
- Les périodes d'ajustement sont une opportunité pour de nouveaux progrès
Je perçois les périodes d'ajustement comme des "courbatures du système nerveux" après une progression. Quand vous restez calme aux côtés de vos symptômes, vous indiquez à votre cerveau que les alertes ne sont plus nécessaires. La plupart de la guérison profonde se joue ici !
- Souvenez-vous que les périodes d'ajustement modifient votre état
Des émotions et des pensées difficiles seront forcément présentes dans ces périodes. L'état du système nerveux impacte le dialogue intérieur. Mais ces émotions et ces pensées ne sont pas la réalité : elles sont un symptôme parmi d'autres. Laissez-les passer, elles n'ont pas besoin d'une attention particulière.
Et ce symptôme a été remplacé par un nouveau!
Pourquoi ??
Voici deux notions complémentaires importantes concernant les symptômes causés par un système nerveux dérégulé :
Le "symptom imperative"
Les symptômes vont apparaître, disparaître, et changer, car votre cerveau veut attirer votre attention. Personnellement, j'ai eu 60 symptômes différents en 2 ans, et ils ont fait exactement ça : ils sont allés et venus, dans tout le corps, et ont varié en intensité, sans raison médicale claire.
Les "extinction bursts"
À un moment, des symptômes anciens peuvent réapparaître. C'est votre cerveau qui demande : "Tu es SÛR(E) qu'on est en sécurité ??". La réponse est oui ! C'est comme se défaire d'une vieille habitude : elle refait surface très fort une dernière fois avant de disparaître pour de bon.
Ces changements ne veulent pas dire que les choses s'aggravent. Ils sont signe que votre système nerveux travaille dur.
Conclusion
Quand j'ai commencer à progresser, mes périodes d'ajustement étaient intenses et duraient longtemps. Mais plus mon état s'améliore et plus je cultive de la compassion pour moi-même, mieux les choses se passent.
Encore une fois, je ne minimise pas... j'écris ce brouillon pendant une période d'ajustement. C'est toujours des moments vraiment difficiles. Mais j'essaie de les traverser avec le plus de grace possible. 😄
À chaque fois que vous traverserez une période d'ajustement avec confiance et patience, votre système nerveux apprend un peu plus de sécurité. C'est comme ça que les progrès se consolident avec le temps.