Ce que le cerveau perçoit comme des menaces
Notre système nerveux est conçu pour nous garder en sécurité. Il a évolué pour détecter et réagir à des dangers "de vie ou de mort" (comme le fait d'être poursuivi par un animal sauvage !). Dans la vie moderne, nous faisons rarement face à ce type de danger, mais le cerveau réagit toujours de la même manière à tout ce qu'il interprète comme dangereux.
Le cerveau peut percevoir comme des menaces des choses plutôt inattendues. Par exemple, pour moi, il s'agissait d'émotions réprimées, de pensées anxieuses quotidiennes, de mon isolement social, et de trop d'exposition aux actualités négatives.
Quand ces petits signaux d'insécurité se répètent dans le temps, nous pouvons nous retrouver dans un état d'alerte chronique, sans en avoir vraiment conscience. Le cerveau fait de son mieux et s'adapte pour nous protéger du trop-plein de stress. Avec le temps, cela peut influencer le fonctionnement du corps et contribuer à certains symptômes.
Prendre conscience de ce qui entretenait mon état de stress chronique et travailler dessus en douceur a beaucoup contribué à ma guérison. Je vais donc partager mes découvertes dans ce post.
Ce post ne parlera pas à tout le monde. Nous n'avons pas tous les mêmes expériences de vie. Pour certains, une infection, un évènement traumatique ou une intervention médicale peuvent suffire à déréguler le système nerveux à eux tout seuls. Et c’est tout aussi légitime.
Mon intention dans ce post est juste de partager des idées pour vous aider à identifier d'éventuelles sources de stress supplémentaires dans votre vie. Réduire le stress libère des ressources pour aider votre corps à guérir.
🪶 Prenez votre temps pour lire ce post, il est un peu long.
Chaque section peut être lue indépendamment des autres.
Quelles peuvent être les menaces perçues ?
#1. Facteurs physiques
#2. Schémas de pensée et croyances
#3. Émotions
#4. Relations
#5. Souvenirs traumatiques
#6. Pression sociale
#7. Menaces réelles
Donc... c'est de ma faute si je suis malade ?? (non!)
Conclusion
Quelles peuvent être les menaces perçues ?
#1. Facteurs physiques
- Infections, blessures, opérations chirurgicales...
Certains évènements sont des menaces réelles pour le corps au départ. Puis, le corps guérit. Mais parfois, le mode "alerte" du système nerveux reste actif après que la menace ait été traitée, ce qui peut perpétuer de la douleur ou des symptômes (voir cette étude sur la douleur chronique). - Sensations physiques et symptômes
Quand le cerveau est bloqué en mode "alerte", il peut interpréter à tort des sensations normales comme des menaces, ce qui crée un cercle vicieux et amplifie les symptômes.

- Sensibilités accrues
Lorsque le système nerveux est submergé, il peut réagir fortement à des stimulus qui ne posaient aucun problème auparavant : Moisissures, produits chimiques, parfums, allergènes, champs électromagnétiques, lumière et bruit, et même certains aliments... - Rythmes de vie
Dans nos sociétés, nous valorisons énormément la productivité : être partout, tout faire, tout gérer. Avoir deux emplois, faire du sport tous les jours, s’occuper de ses proches, tout en étant parent, ami, partenaire… J’ai lu énormément de témoignages qui décrivaient cette course permanente dans les années qui précédaient la maladie. À long terme, un tel rythme peut épuiser le corps. - Seuil de tolérance à l'activité
Avec le Covid Long ou l'EM/SFC, le seuil de tolérance du système nerveux peut tomber très bas. Dans ce cas, même les activités basiques du quotidien peuvent être perçues comme une menace pour l'organisme. L'activité elle-même alimente alors le cercle vicieux du "danger perçu".
Pour moi, la clé pour briser ce cercle vicieux a été de ralentir, et de modifier ma réponse face aux symptômes.
#2. Schémas de pensée et croyances
Ce point a été très important pour moi. Les schémas de pensée et les croyances se forment souvent très tôt dans l'enfance, comme un mécanisme de protection face à des situations difficiles. Avec le temps, ils peuvent continuer à envoyer des signaux d’insécurité au corps, sans que nous nous en rendions vraiment compte.
- Pression intérieure
- Perfectionnisme et surperformance
Toute ma vie, je n’ai jamais considéré que ce que je faisais était suffisamment bien. Si je réussissais, c’était dû à la chance. Mais si j’échouais, c’était entièrement ma faute. Je repoussais constamment mes limites pour atteindre mes objectifs. - Auto-critique
J’ai pris conscience à quel point j’étais dure avec moi-même, et que je ne traiterais jamais un(e) ami(e) comme je me traite moi-même ! Apprendre à développer de la compassion envers moi-même a été essentiel dans ma guérison.
- Perfectionnisme et surperformance
- Croyances protectrices sur nous-mêmes et sur le monde
- Elles peuvent ressembler à :
"Je ne suis pas à la hauteur"
"Je dois performer pour être aimé(e)"
"Je suis faible si je demande de l’aide"
"Quelque chose peut mal tourner à tout moment, je dois être prêt(e)" - Remettre doucement ces croyances en question et les modifier est une bonne façon de restaurer un sentiment de sécurité intérieure (par exemple : "Je suis assez bien, et je mérite d'être aimé(e) tel(le) que je suis").
- Elles peuvent ressembler à :
- Schémas d’anxiété (catastrophisation, anticipation du pire...)
- Ça, c'était ma spécialité ! 😅 J’étais devenue une experte pour imaginer toutes les façons dont quelque chose pouvait mal tourner. Être bien préparé(e) face à un évènement, c'est utile. Mais s’inquiéter en excès n’apporte généralement rien de bon.
- Aujourd’hui, j’essaie d’adoucir cette tendance avec une simple question :
"Et si tout se passait bien ?"
Ces schémas semblaient faire partie de ma personnalité. Mais j’ai réalisé qu’il s’agissait en fait de vieilles stratégies de protection, dont je n’avais plus besoin.
#3. Émotions
Les émotions en elles-mêmes ne sont pas dangereuses, mais le système nerveux peut parfois les interpréter comme des menaces.
- Émotions réprimées
La colère, la tristesse ou la peur peuvent être réprimées parce que nos expériences de vie nous ont appris qu’elles étaient malvenues. Apprendre à ressentir et à accueillir mes émotions a été une étape importante dans ma guérison. Les méditations centrées sur les émotions et l’EFT tapping m’ont beaucoup aidée dans ce processus. - Des émotions comme la culpabilité ou la honte, lorsqu’elles deviennent excessives
Lorsqu’elles sont là sans véritable raison ou en permanence, comme c'était le cas pour moi, ces émotions peuvent maintenir le système nerveux en état d’alerte.
#4. Relations
Une grande partie de notre sentiment de sécurité vient de notre connexion aux autres. C’est pourquoi les difficultés relationnelles peuvent créer beaucoup d'insécurité.
- Manque de limites & besoin de faire plaisir aux autres
J'ai réalisé récemment que je plaçais toujours les besoins des autres avant les miens, et que je ne disais jamais "non", même quand j'étais déjà épuisée. Il faut prendre conscience que nous avons besoin de suffisamment de ressources pour nous-même avant de pouvoir être présents pour les autres.
- Dynamiques relationnelles insécurisantes
Des relations qui présentent de la manipulation ou de l'invalidation, ou encore des peurs d’abandon et de rejet, peuvent être des menaces perçues pour le système nerveux, subtiles mais épuisantes, surtout lorsqu’elles durent dans le temps. - Isolement
Être très isolé mène à l'absence de co-régulation et de signaux apaisants venant des autres. Si, comme moi, vous avez tendance à hésiter à demander de l’aide ou du réconfort, cela peut valoir la peine d’essayer malgré tout. Parfois, les gens sont plus ouverts et bienveillants qu’on ne l’imagine.
#5. Souvenirs traumatiques
J’ai compris récemment qu'un trauma ne vient pas toujours d'événements extrêmes et dramatiques, et qu'une expérience identique peut être traumatisante pour une personne et pas pour une autre. J’aime beaucoup ce que mon coach m’a dit un jour à ce sujet : "un traumatisme peut venir d'un trop-plein ou d'un manque, qui a duré trop longtemps".
Parfois, des situations de stress chronique, de l’instabilité, du harcèlement, ou l’absence de figures bienveillantes et sécurisantes peuvent laisser des traces traumatiques.
Quand le système nerveux a traversé des expériences qui l'ont submergé, il peut rester en alerte pendant longtemps, et les événements du présent peuvent réactiver d'anciennes réponses de stress.
#6. Pression sociale
Certaines perceptions de danger viennent de l’intérieur de nous, mais d’autres proviennent du monde dans lequel nous vivons.
- Les attentes constantes de la société
Les réseaux sociaux et la publicité alimentent souvent le mirage d’une "vie parfaite" que nous serions tous censés atteindre. Cela peut devenir une source de pression intériorisée. - Le manque de soutien
Les communautés et les systèmes de soutien deviennent de plus en plus rares, alors que les attentes continuent à augmenter. - La pression de performance
Dans nos sociétés, le repos n’est pas une activité très valorisée. Il est souvent associé à de la paresse. Pourtant, le repos est absolument essentiel pour tout être vivant. Les animaux se reposent énormément, sans aucune culpabilité. - Le flux incessant de mauvaises nouvelles
Notifications, réseaux sociaux, informations en continu… Notre système nerveux n’a pas été conçu pour gérer une telle surcharge négative. Prendre de la distance avec l’actualité et les réseaux sociaux a été une étape importante pour moi.
#7. Menaces réelles
Bien sûr, il existe de véritables menaces : violences, abus, zones de guerre, environnements dangereux… Si vous êtes dans une telle situation, votre sécurité physique passe avant tout.
La plupart d’entre nous ne sont pas réellement confrontés à des situations de danger réel. Le problème survient lorsque le système nerveux continue de réagir comme si c’était le cas. Le danger perçu peut s’accumuler avec le temps, jusqu’au moment où le corps dit "stop" et réclame du repos et de la sécurité.
Donc... c'est de ma faute si je suis malade ??
Absolument pas.
De nombreux facteurs contribuent à ces maladies : la génétique, l’environnement, les virus, les blessures, notre histoire de vie… Et nous sommes loin d’en comprendre tous les mécanismes. Mais une chose est sûre : rien de tout cela n’est de notre faute, et cela ne signifie pas que nous sommes "faibles". Au contraire, beaucoup d’entre nous ont enduré et résisté aux difficultés pendant trop longtemps.
Après avoir discuté avec beaucoup de personnes atteintes de Covid long ou d'EM/SFC ces deux dernières années, j’ai remarqué à quel point nos histoires de vie se ressemblent souvent.
Dans mon cas, la maladie est arrivée après plus de 10 ans de stress accumulé, de pression et de charge émotionnelle. Dans les deux années précédant l’apparition des symptômes, j’ai aussi vécu beaucoup de gros changements (déménagement dans une autre région, changement de travail…). Et puis, le virus du Covid-19 a été la goutte de trop. Celle qui a fait basculer mon système déjà submergé.
Nous ne sommes pas responsables de tout ce que nous avons traversé dans la vie. Mais savoir que certaines choses peuvent contribuer à maintenir notre système nerveux bloqué en mode "danger" peut ouvrir la voie à des changements doux, orientés vers davantage de sécurité. Car c’est dans cet état de sécurité que notre corps a la capacité de guérir.
Conclusion
Pendant longtemps, j'ai eu l'impression que mon corps m'avait trahie. Je ne ressentais que de la peur, et de la culpabilité. J'avais l'impression que tout était de ma faute.
Mais avec le temps, j'ai fini par comprendre que mon corps m'avait dit "STOP" pour de bonnes raisons : pour me protéger d'un niveau de stress devenu trop extrême. C'était le signal dont j'avais besoin pour ajuster la façon dont je vis, pour retrouver un fonctionnement viable. Cette maladie m'a appris à ralentir, à me concentrer sur ce qui est réellement important, et à (enfin) m'affirmer dans ce monde.
Tout cela est incroyablement difficile, mais j'apprends enfin à faire confiance à mon corps et à l'écouter.
Encore une fois, je sais que ce post ne parlera pas à tout le monde, et c'est complètement normal. Mais j'espère que cela pourra aider ceux d'entre vous qui se reconnaissent. 🙏
Pour en savoir plus sur comment retrouver de la sécurité dans le système nerveux, vous pouvez continuer à lire par ici :