Mon processus de guérison
Après avoir écouté de nombreuses histoires de guérison (et avoir vécu la mienne), j'ai vu qu'il n'y avait pas de méthode unique pour guérir ou aller mieux.
Le Covid Long et l'EM/SFC sont des maladies complexes. Dans ce post, je vais simplement partager ce qui m'a aidée et les étapes de mon processus. Gardez ce qui résonne en vous, et laissez le reste de côté. 🖤
Étape 1 : Les tests médicaux
Étape 2 : L'apprentissage
1- Que se passe-t-il dans mon corps?
2- Ce que cette approche n'est pas
3- Ressources d'apprentissage
Étape 3 : Pratiquer la sécurité
1- Bien réagir aux symptômes
2- Pratiques de régulation
3- Reconnexion à la joie
Étape 4 : Augmenter l'activité
Étape 1 : Les tests médicaux

Il est très important de ne pas passer à côté d'un problème médical traitable ou de carences en vitamines. Faites tous les tests recommandés par votre médecin.
Une fois que les médecins ont exclu toutes les autres causes et vous disent : "C'est un Covid Long / une EM/SFC, nous ne pouvons rien faire", il est intéressant de tenter l'approche Mind Body. Elle recouvre des pratiques douces qui peuvent aider votre corps et votre esprit, en complément des interventions médicales.
Note sur l'hygiène de vie
Une bonne alimentation, un bon sommeil et un peu de mouvement peuvent bien sûr soutenir la guérison du corps, mais avec ces maladies, les limitations sont bien réelles. Faites de votre mieux, ne forcez rien.
Je n’ai pas de conseils particuliers sur l’alimentation : la modifier n'a rien changé pour moi. J’ai donc privilégié une alimentation simple, équilibrée et saine.
Étape 2 : L'apprentissage

Apprendre et renforcer ma conviction que je pouvais guérir a été l'élément le plus important de mon parcours.
Découvrir une explication possible des symptômes peut parfois aider à stopper le cercle vicieux de ces maladies. Dans mon cas, cela a éliminé 90% de ma peur et m'a donné beaucoup d'espoir.
1- Que se passe-t-il dans mon corps?
L'approche Mind Body suggère une explication possible pour ces maladies : après une menace (comme un virus, un trauma, une période de stress extrême), le système nerveux peut se retrouve bloqué dans une réponse physiologique de survie.
Les humains ont une réponse de survie automatique face aux menaces. Imaginez qu'un tigre vous attaque : en une fraction de seconde, votre cerveau libère des hormones de stress (comme l'adrénaline et le cortisol), accélère votre rythme cardiaque et ralentit les processus moins utiles (comme la digestion) pour vous permettre de fuir ou de combattre.
Cette réponse au danger est très utile et peut vous sauver la vie ponctuellement, mais elle n’est pas faite pour durer. Si elle reste activée, elle peut dérégler de nombreux systèmes du corps : rythme cardiaque, respiration, digestion, sommeil, énergie, humeur, immunité… Ce qui correspond bien à la grande variété de symptômes observés dans le Covid long et l’EM/SFC. Ici, les symptômes ne sont pas des problèmes à traiter séparément : ils s’inscrivent tous dans un seul et même mécanisme.
Quand le système nerveux est bloqué en mode danger, il détecte des menaces partout, même dans des activités banales. Cela créé un cercle vicieux :
- Le cerveau déclenche des symptômes pour vous avertir.
- Les symptômes génèrent de la peur, de la frustration, du désespoir, et encouragent l'évitement d'activités.
- Ces émotions sont compréhensibles, mais agissent comme un catalyseur : elles confirment au cerveau que le danger est toujours là.
- Le cycle se répète, et les symptômes augmentent.
J'entends parfois des gens dire :
"Je n'ai pas peur de mes symptômes, je veux juste qu'ils s'arrêtent !"
Il n'est pas nécessaire de ressentir de la peur consciente pour que tout cela se produise. D'autres émotions et réactions peuvent entretenir le cercle vicieux aussi.
La clé de la guérison est de briser ce cercle vicieux en montrant à votre cerveau que vous êtes en sécurité. Et il y a plein d'outils très simples qui peuvent vous y aider !
2- Ce que cette approche n'est pas
Si vous vous intéressez à cette approche, vous tomberez peut-être sur des critiques. Gardez ceci en tête :
- Cette maladie n'est pas psychologique, elle est neurologique. Rien dans cette approche ne veut dire que les symptômes sont dans votre tête, ce n'est pas le cas.
- Rien de tout cela n'est de votre faute. Votre cerveau essaie juste de vous protéger un peu trop fort.
- Se forcer et ignorer ses symptômes n'est jamais la solution. Le pacing et l'écoute du corps sont nécessaires pour progresser en sécurité.
3- Ressources d'apprentissage
Apprendre prend du temps. Chaque explication a rendu les choses un peu plus claires pour moi, mais j'ai mis du temps à comprendre certaines choses en profondeur. Restez curieux ! Voici quelques ressources utiles :
Des médecins expliquent la science
Vous pouvez activer la piste audio et les sous-titres en français sur chaque vidéo :

Livres (lectures faciles, aussi disponibles en livre audio) :
- 🇫🇷 Déjouer la douleur chronique d'Alan Gordon (les concepts décrits parlent de la douleur, mais ils peuvent s'appliquer à n'importe quel autre symptôme, y compris la fatigue)
- 🇬🇧 Breaking Free by Jan Rothney
- 🇬🇧 Pain Free You by Dan Buglio
Une option quand l'énergie manque
Vous pouvez poser des questions à l'intelligence artificielle (ChatGPT ou celle de votre choix) au sujet de la guérison Mind Body !
Étape 3 : Pratiquer la sécurité

1- Bien réagir aux symptômes
La clé est d'accepter les symptômes sans en avoir peur. Les symptômes sont des sensations corporelles, ils ne sont pas dangereux. La peur, la frustration, la colère et le désespoir ne font qu'alimenter le "mode danger".
Prenez conscience de votre réaction habituelle : des pensées comme "oh non...", votre corps qui se tend, votre respiration qui s'accélère... Essayez de vous rediriger vers plus de sécurité : détendez votre corps, ralentissez votre respiration. Moins vous combattez les symptômes, plus vite ils partiront.
Vous n'avez pas besoin de surveiller vos symptômes toute la journée. La distraction est la bienvenue ! Choisissez des activités légères qui vous apaisent pendant que votre corps se rééquilibre. Quand j'étais au plus bas, je ne pouvais pas faire grand chose. J'ai pratiqué le lâcher prise, en ayant confiance que des jours meilleurs m'attendaient.
2- Pratiques de régulation
Il a beaucoup de façons d'apaiser votre système nerveux. Vous n'avez pas besoin de pratiquer pendant des heures chaque jour, faites ce qui est possible et plaisant ! Votre cerveau apprend la sécurité avec le temps et la répétition. Soyez patient et doux avec vous-même. Voici quelques exemples:
- Respiration (ex: inspirer pour 4 secondes, expirer pour 6)
- Toucher apaisant (auto massages, auto câlins...)
- Dialogue intérieur rassurant
- Méditation, notamment le tracking somatique
- Se concentrer sur ses 5 sens (la douceur d'une couverture, le goût de la nourriture, la sensation de l'air frais...)
Nous sommes tous différents. Si une pratique ne vous parle pas, laissez-la de côté et essayez-en une autre. Pour moi, la reconnexion au corps (pratiques somatiques) a beaucoup mieux fonctionné que les pratiques cognitives (souvent appelées "brain retraining") pour gérer les symptômes.
Prêtez attention à ce qui fait du bien à votre corps, et faites confiance à ce ressenti.
Pour découvrir plus de pratiques : La boîte à outils de régulation du système nerveux (gratuit, traduit de l'anglais)
3- Reconnexion à la joie
Je sais que ça paraît impossible. « Comment je peux apprécier la vie avec ces horribles symptômes ?? ». Mais la joie est le signal de sécurité le plus puissant pour votre cerveau, et on peut la trouver dans de petites choses. Quelques secondes de plaisir suffisent, et elles se renforcent avec le temps. Voici quelques exemples :
- Sourire en respirant lentement (un faux sourire fonctionne !)
- Discuter avec une personne que vous aimez (à propos de tout, sauf de la maladie)
- Regarder des vidéos drôles ou mignonnes (peu importe la durée)
- Être dans la nature et s'exposer à la lumière naturelle
Personnellement, j'ai du commencer par de toutes petites choses. Au plus bas, je ne pouvais que sourire et respirer. Mais petit à petit, l'énergie est revenue et j'ai pu me reconnecter à des activités que j'aime (le yoga, l'écriture, la marche, regarder des comédies...).
L'autre face de la reconnexion à la joie, c'est de limiter les stresseurs externes. Pour moi, ça s'est traduit par demander de l'aide, m'éloigner de personnes négatives, éviter les actualités et les réseaux sociaux.
Quand j'étais dans le doute ou trop fatiguée, j'allais au plus simple : Ralentir ma respiration et accepter l'instant présent tel qu'il était. Le lâcher prise est une vraie clé de guérison.
Étape 4 : Augmenter l'activité

Une fois que je me suis sentie plus stable et plus connectée à mon corps, j'ai commencé à avoir un peu plus d'énergie. La guérison s'est alors présentée comme un nouveau cycle :
- Quand j’ai de l’énergie : je fais des choses qui m’apportent de la joie et de l’épanouissement. J’essaie d’équilibrer les corvées avec des moments agréables et de ne jamais anticiper le pire. Certaines personnes ont besoin de structure, d’autres se fient davantage à leur intuition et à l’écoute de leur corps — faites ce qui fonctionne pour vous ! La seule chose qui compte est de se sentir en sécurité et en confiance.
- Si les symptômes apparaissent : je les accueille sans panique. Je n'essaie pas d'analyser ou d'incriminer une activité passée. Les symptômes font partie du processus, comme les courbatures après le sport (mais cette fois, ce sont les courbatures du système nerveux). Je ralentis, j'apaise mon corps et mon esprit, et je laisse mon système se rééquilibrer.
- Les symptômes finissent par passer. Cela peut prendre plus ou moins de temps, et c'est normal. Je ressors de ce cycle un peu plus forte. Puis je recommence à l’étape 1.
Nous sommes tous différents, et ce processus peut être très lent. Ça a été le cas pour moi ! Il est aussi normal que des émotions comme la tristesse ou la peur surgissent en chemin. Offrez-leur de l’espace, puis laissez-les passer en douceur. Se rappeler que le progrès n’est pas linéaire rend le parcours beaucoup plus léger.
Conclusion
J’espère que ce post pourra inspirer votre propre plan de guérison ! Je me souviens m’être sentie découragée et perdue tellement de fois, sans savoir quelle devait être ma prochaine étape...
Mais en réalité : il n’existe pas de “mauvaise” façon de faire. Tant que vous continuez à essayer des choses et à garder espoir, vous êtes sur la bonne voie. Soyez patients et bienveillants envers vous-même : vous faites déjà de votre mieux.
FAQ
Peut-on vraiment guérir du Covid long ou de l'EM/SFC ?
Je ne suis pas médecin, et je ne peux pas promettre que tout le monde guérira complètement du Covid long ou de l'EM/SFC. Ces diagnostics regroupent des réalités médicales très différentes, et tout ce qui est traitable doit bien sûr être pris en charge.
Mais au fil des deux dernières années, j’ai découvert des centaines de témoignages de guérison complète. Des personnes de tous âges, dans tous les pays, avec tous types de symptômes et niveaux de sévérité, y compris des personnes malades depuis des décennies.
Il n’existe pas de chemin unique, mais je crois sincèrement qu’en travaillant sur la régulation du système nerveux, il est possible d’améliorer sa qualité de vie, et dans certains cas, de trouver le chemin de la guérison complète.
Combien de temps dure la guérison du Covid long ou de l'EM/SFC ?
Il n’y a malheureusement pas de durée définie. Nous guérissons tous à notre propre rythme, et on ne peut pas forcer le corps à aller plus vite. Certaines personnes constatent des améliorations en quelques mois, tandis que pour d’autres il faut un an, deux ans, de progression graduelle.
Je sais à quel point il est difficile de lâcher prise sur le calendrier, mais se mettre la pression ne fait qu’ajouter du stress. Pour beaucoup d’entre nous, guérir implique aussi de déconstruire des stratégies de survie émotionnelles installées depuis longtemps. Ce type de transformation demande du temps, et c’est normal. J’avance moi-même encore sur ce chemin alors que j’écris ces lignes. Ce n’est pas parce que c’est lent que ça n’avance pas !
Qu'est-ce qui vous a le plus aidé pendant votre guérison ?
C’est un ensemble de choses, mais la base a été de calmer la peur et la lutte permanente contre les symptômes. Apprendre à me reconnecter à de petites sources de joie au quotidien m’a permis de vivre chaque jour avec un peu plus de douceur.
Avec le temps, j’ai constaté que moins je mettais de pression sur moi-même, plus le processus avançait naturellement. Quand mon corps a cessé de tout percevoir comme une menace, il a enfin pu se rééquilibrer. Moins je m’identifie à la maladie, plus je suis capable de me concentrer sur la vie, tout en acceptant ma capacité du moment.
Comment savoir si on est réellement en train d’aller mieux ?
Il existe de nombreux signes possibles d’amélioration. L’un des plus visibles est l’augmentation progressive de la capacité : pouvoir en faire davantage physiquement (marcher, faire un peu de vélo, faire du ménage…), cognitivement (écrire ce blog, résoudre des problèmes, tenir une conversation complexe…), et émotionnellement (poser des limites, tolérer davantage les stimulations, regarder un film émouvant).
Mais ce n’est pas seulement une question de « faire plus ». Se sentir plus calme, plus serein et plus confiant pendant n’importe quelle activité est aussi un signe de guérison. Ce n’est pas tant l’activité elle-même qui compte, mais plutôt l’état dans lequel on est pour faire l’activité. Dès lors que vous pouvez faire des choses, même des choses très simples, dans un état régulé, vous êtes déjà en train de guérir.
Comment traverser les périodes symptomatiques ou les rechutes pendant la guérison ?
Les périodes symptomatiques font partie du processus et on ne peut pas les éviter complètement. La guérison de la maladie chronique n'est pas un processus linéaire, il est fait de hauts et de bas. Le retour des symptômes peut être très décourageant et donner l'impression que tout les progrès sont perdus... mais ce n'est pas le cas.
Les symptômes sont toujours temporaires. L'approche la plus aidante est d'accueillir les symptômes avec de la douceur et non de la peur. Ralentir, reposer son corps et son esprit, s'offrir de la compassion. Avancer avec ces maladies est extrêmement difficile, mais si vous restez présents pour vous-même, vous êtes sur le bon chemin.
Est-ce que tout cela veut dire que le Covid long et l'EM/SFC sont des maladies "psychologiques" ?
Absolument pas. Ces maladies sont neurologiques par nature. Le système nerveux autonome régule de nombreuses fonctions biologiques, et lorsqu'il est dérégulé, cela peut générer des symptômes physiques très réels et très handicapants.
Ces maladies sont très difficiles à vivre, et elles peuvent générer de la détresse psychologique : l'anxiété et la dépression par exemple, peuvent apparaître en conséquence de la maladie, mais elles n'en sont pas la cause.
Ce que je dis sur ce blog, c'est que nous avons plus d'influence que nous le pensons sur la régulation de notre système nerveux. Nous ne pouvons pas forcer le corps à guérir, mais nous pouvons créer les conditions pour lui permettre de commencer à le faire.